Il est de ces itinéraires à ski que le monde entier, que dis-je, la galaxie, nous envie : la Vallée Blanche.
Là-haut, au pied des géants du massif du Mt Blanc, le plus célèbre des serpents de glace se développe sur… 20 kilomètres (oui, vous avez bien lu : 20 km) pour vous offrir un formidable circuit en arc de cercle avant de vous ramener dans la vallée. Il n’y a rien de plus magique pour découvrir le monde de la haute montagne !
Après la cohue de la benne et la descente toujours spectaculaire de l’arête, se laisser simplement glisser sur les skis est certes garant d’une magnifique journée, mais agrémenter l’aventure par une petite variante en rando à la recherche de la poudreuse parfaite est encore plus beau… Je vous suggère alors les superbes pentes plein Nord du col d’Entrèves puis la sortie par la Vallée Noire, sauvage et méconnue.
1ère partie : Descente du haut de la Vallée Blanche classique
La descente de l’arête, à la sortie de la benne, s’apparente un peu à un souk, où se côtoient dans un joyeux brouhaha guides harnachant leurs clients, « amateurs » parfois inquiets, jeunes alpinistes pressés et, sur la plateforme de départ, touristes photographiant en rafale tout ce joli monde fort exotique (pour eux…)
Je vous conseille donc de vous équiper sereinement un peu avant, dans les couloirs, puis de filer discrètement au travers de tout ce beau monde en portant votre sac (avec les skis dessus) « à plat » à la main, avant de vous redresser fièrement sur l’arête en anticipant la bonne descente (il y a en général 3 cordes sécurisant l’arête, donc 3 descentes, et si le « Z » – versant Chamonix – est le plus facile, il est aussi généralement le plus encombré). Dès les skis chaussés, tirez alors toujours un peu à main droite pour viser à droite du Rognon (passage des petites bennes), pour skier de larges pentes au pied de la Pte Lachenal et des piliers et couloirs du Mt Blanc du Tacul. Au-dessus, les séracs se sont faits moins menaçants ces dernières années, mais ce n’est pas une raison pour traîner. Surtout, choisissez d’aller « peauter » le plus loin possible sous la Pt Adolphe Rey. Un peautage effectué bien sûr en ne déchaussant qu’un ski à la fois et en se tenant à distance les uns des autres, afin de ne pas perforer tous ensemble un pont de neige potentiel !
2e partie: Montée et descente du col d’Entrèves
Le col, caché au début, se situe dans le haut de la large combe glaciaire léchant le versant E de la Tour Ronde.
Auparavant, il faudra s’extirper du chaos de (très) grandes crevasses longitudinales défendant le bas de la Combe Maudite. Ce passage est spectaculaire mais, par chance, le plus souvent aisé : comme vous avez la corde dans le sac, vous aurez tout intérêt à l’utiliser pour parer à toute mauvaise surprise ! Des pentes larges se dessinent ensuite et se laissent aisément remonter, et surtout descendre en de larges courbes harmonieuses : c’est le royaume de la belle poudreuse d’altitude, ou selon la saison de la neige de printemps dégelée à point (ou pas…). La vue sur les sublimes satellites rocheux du Mt Blanc du Tacul est alors grandiose : Trident, Chandelle, Clocher et bien entendu sa Majesté le Grand Capucin.
3e partie : Descente par la Vallée Noire plutôt que la Vallée blanche
Sur le replat du glacier du Géant, vous pourrez basculer rive gauche vers l’itinéraire habituel de la Vallée Blanche classique, ou rester côté Dent du Géant pour s’offrir ce que l’on appelle la « Vallée Noire ».
Auparavant extrêmement crevassé et ardu, ce passage en rive droite se skie dorénavant très bien, par des pentes en balcon au-dessus d’une spectaculaire chute de sérac.
Le glacier s’adoucit enfin, s’étire, s’alanguit… pour vous porter naturellement vers la télécabine du Montenvers (si le bas est déneigé), ou à la courte remontée de la buvette des Mottets (pour un retour skis aux pieds à Chamonix), où il fera bon se désaltérer ou déguster une petite restauration.